Le ciel de Claire Chauvel


Dominique Husson, peintre, 2016

La première rencontre avec un être est souvent primordiale car n’interagit que ce que dégage l’être, son fluide, et nulle autre considération transmise par le cerveau et souspesée par la balance de nos hémisphères calculateurs.

Mon premier contact avec Claire Chauvel a été une évidence car il est rare de trouver une personne non paralysée par son labyrinthe intérieur, cela passe par le regard, l’expression, le corps. Pas d’analyse dans sa façon de voir, avec elle la profession de psychothérapeute tomberait vite en désuétude.

Peu de temps après j’ai eu la chance d’aller à son atelier, chez elle le ciel est à l’intérieur de son être. Très rare. Entre nous je peux vous l’avouer, la personne tenant cette plume ayant eu longtemps sa « substance » un peu prisonnière d’une cage de plexiglas, Claire Chauvel est libre, d’une liberté à en faire pâlir plus d’un et d’une ! Et son pinceau a cette fluidité. Autour du petit village où elle habite elle part sur le motif avec son chevalet de plein air, comme les grands ainés du 19è siècle.

Arbres, paysages, sous-bois…glissent de sa main sur la toile ou le papier avec une grande immédiateté. Mais, ne nous y trompons pas, ce qui l’anime n’est pas de retranscrire littéralement ce qui s’offre à sa vue, mais de nous offrir un petit coin d’azur de son ciel intérieur, une sorte de petit don ; le chi n’est surement pas loin car un état d’harmonie semble la traverser.

Ce qui est en jeu dans une œuvre d’art n’est pas ce que généralement l’artiste sue à vouloir imprimer (à celle-ci) mais plus ce qui lui échappe et qui passe à son insu. Les intentions font de très mauvais tableaux – Sa peinture aussi fine qu’un voile vibre par cette lumière si légère, enveloppante et les
motifs sont traités par ce geste qui lui est propre : elliptique, rapide, ponctué de raccourcis, suggérant… comme si elle cherchait à capter le mouvement de la vie au travers de la végétation.

On pourrait lui trouver trois notables ascendants :
Le « dernier » Cézanne, sensation à l’état pur, portée par cette élévation, de l’allégement – un certain état intérieur.
La peinture sino-japonaise à l’encre qui saisit ! (en évitant tout le bavardage)
Et enfin la lumière de Geneviève Asse qui ne voit, elle, le ciel qu’au travers des vitres de la verrière de son atelier.
Mais, Claire Chauvel a besoin du contact pour nous le transmettre. Peindre est une nature et cette artiste nous l’offre.

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