Marc-Henri Garcia, galeriste, 2018
MONUMENT DU DÉLUGE,
c’est par cet oxymore que nous avons choisi d’identifier la prochaine installation de Claire Chauvel au 5UN7.
Un Oxymore, une figure de style permettant la coexistence heureuse mais néanmoins surprenante de deux concepts que tout oppose. Il s’agit en l’occurrence d’observer la capacité des forces de l’élément aquatique à instaurer une réorganisation de la nature et de ses paysages tout aussi jouissive à l’oeil du peintre que impraticable à l’exploitation humaine.
(Leonard de Vinci …
« L’eau est la force motrice de toute la nature. »)
Quoi de plus intriguant pour un observateur fin de la nature comme Claire Chauvel que ce Monument du Déluge !
Cette force naturelle étrange, annonciatrice de la fin d’un ordre et cependant, vestige, pilier de l’organisation naissante des structures paysagères de demain.
Encore nous faut-il un témoin capable de traduire cette nature inquiétante, un témoin qui sache en décrire toutes les subtiles ruptures !
C’est au travers d’une œuvre peinte sur le motif, à la frontière du réalisme et de l’impressionnisme que Claire Chauvel transmet ses moments passés en forêt, aux abords de la Dordogne.
Loin des préoccupations Data-istes de ce début de siècle, elle étudie sans relâche les limites de la représentation paysagère ; une quête menée sur le fil.
Une sorte de lien direct vers le ressenti puissant et disruptif perçu par la plasticienne dans la Nature. Au milieu d’une clairière, au fond d’une vallée, elle établit son observatoire discret. Le geste est réduit à sa forme essentielle tandis que les couleurs regorgent de lumières chatoyantes et de pointes acides. Il y a chez Claire Chauvel une volonté de sincérité dans la captation, une volonté qui se transmet à l’observateur par la subtile radicalité des choix opérés dans la représentation.
Figure atypique de la peinture contemporaine, diplômée d’art plastique à la Sorbonne, Claire Chauvel est à mon sens la digne héritière de la peinture paysagère Édéniste. Elle poursuit paradoxalement la recherche d’espace végétal peu, voire pas du tout, domestique dans un monde de plus en plus urbanisé. Elle se positionne presque comme une figure prophétique à l’aube de grands changements climatiques.
Claire Chauvel annonce fièrement le retour du Sauvage. Sa pâte laisse percevoir les tourments chères à Courbet, Monet, Cézanne, Derain.
Cependant elle sait aussi parfaitement réinventer le genre, elle synthétise en réduisant sa représentation à des formes et des couleurs brutales essentiellement expressives, s’inscrivant ainsi dans le monde de l’art le plus contemporain avec l’élégance d’une peinture qui n’est pas sans rappeler celle d’Alex Katz lors de son exposition « New Landscape » chez Thaddaeus Ropac en 2016.
Communiqué de Presse de l’exposition Monument du déluge -> Aller sur la page de l’exposition